Entreprendre, c'est plus qu'une aventure professionnelle : c'est une quête personnelle, un voyage pour se prouver quelque chose à soi-même, prouver aux autres, et peut-être même, quelque part, se guérir d'un certain syndrome de l’imposteur. On part souvent avec une idée, une vision, un désir de transformer une simple étincelle en réalité, en quelque chose de tangible. Et en cours de route, ce sont souvent nos propres doutes qui surgissent, s’interposent, mettent à l'épreuve cette confiance en soi qu'on pensait solide. Le syndrome de l’imposteur, ce sentiment insidieux d'être illégitime, de ne jamais être "assez" ou de ne pas mériter le succès, s’invite alors dans chaque nouvelle étape.

Mais entreprendre, c'est aussi apprendre à accueillir ces doutes pour mieux les surmonter. C’est un chemin où l’on apprend que la légitimité, on la construit avec chaque défi, chaque échec, chaque victoire, si petite soit-elle. C'est une école de la résilience, de la patience et de la confiance en soi, où l'on finit par comprendre que se faire confiance est une force aussi puissante que les compétences ou les chiffres. Ce n’est pas seulement le succès qui compte, mais le fait d’avoir osé, d'avoir pris le risque de croire en soi malgré tout.
Se guérir du syndrome de l’imposteur, c’est accepter que l’on ne sait pas tout, et que c’est normal. C'est se dire qu’on mérite sa place, non pas parce qu'on est parfait, mais parce qu'on est en mouvement, en apprentissage constant. C'est trouver cette petite voix intérieure, qui au début murmure, puis se fait plus forte, et qui finit par dire : « Oui, tu en es capable. »
Au fond, entreprendre, c’est décider que l’on est la meilleure personne pour porter son projet. C’est cette victoire-là – peut-être la plus importante – que l’on cherche, celle de la confiance retrouvée, de la légitimité conquise.
La légitimité, dans le parcours entrepreneurial, est comme un horizon que l’on cherche à atteindre. Elle n'est pas donnée, elle se construit, parfois lentement, au fil des actions, des réussites et même des erreurs. On pourrait croire qu'elle vient des autres, de leur validation, de leurs regards approbateurs. Mais en réalité, la légitimité naît d'abord de soi-même, de l'acceptation intérieure que l'on mérite d’être là où l’on est, et que nos idées valent d’être réalisées.
Quand on débute, il est courant de se sentir en décalage, de penser que l’on ne "mérite" pas encore notre place, ou que l’on doit encore faire nos preuves pour la gagner. Mais peu à peu, chaque décision, chaque petit succès, vient renforcer ce sentiment d’appartenance, de légitimité. Et ce sentiment ne dépend pas uniquement des succès visibles ou des chiffres ; il se bâtit aussi dans les moments de doute, dans les échecs surmontés, dans le courage de persévérer quand les résultats tardent à venir.
La légitimité, c’est aussi apprendre à ne pas se définir uniquement par la validation externe. On ne devient pas légitime parce que les autres nous le disent, mais parce qu’on a fini par croire en soi, parce qu'on a trouvé, en soi, la conviction de sa propre valeur. C’est un état d’esprit, un savoir-être que l’on cultive, qui nous permet d’agir avec assurance, sans attendre que l’on nous "autorise" à exister dans notre domaine.
Finalement, la légitimité n'est pas un point d’arrivée, mais un compagnon de route qu’on apprend à apprivoiser. Elle grandit avec nous, devient une force silencieuse qui nous pousse à avancer malgré les obstacles, et qui nous rappelle que nous avons le droit – et même le devoir – de faire entendre notre voix.
Comments